Trajectoires de victimisation de femmes aînées aux prises avec de la violence conjugale

2023-2025

​

Description du projet 

Selon l’Organisation mondiale de la santé (2022), les violences conjugales se sont exacerbées à l’aune des mesures de confinement liées à la pandémie de la COVID-19, incluant les féminicides. Il est estimé qu’une femme sur trois dans le monde a subi de la violence (physique ou sexuelle) de la part d’un partenaire intime au moins une fois au cours de leur vie. Bien que les études indiquent que les jeunes femmes sont deux fois plus à risque de subir un féminicide par un partenaire intime que celles aînées, il reste que ces dernières ne sont pas épargnées par ce risque létal. De plus, nous savons aussi que le cumul des expériences de violence subies et leur durée dans le temps entrainent de graves conséquences sur la santé globale des femmes dans l’avancée en âge. Le projet proposé vise à comprendre les trajectoires de victimisation des femmes aînées ayant vécu de la violence conjugale. Quatre objectifs spécifiques circonscrivent l’étude : 1) comprendre les mécanismes de violence et ses différentes formes (dont la violence sexuelle) qui contribuent à maintenir les femmes dans des situations conjugales oppressives; 2) identifier les obstacles qui ont limité la demande d’aide au cours des années et, à l’inverse, les leviers qui l’ont facilitée; 3) décrire les différents contextes entourant les expériences de violence conjugale vécues au fil des années; 4) relever les stratégies d’aide et d’intervention qui ont répondu aux besoins des femmes aînées. L’approche du parcours de vie dans une perspective intersectionnelle (intersectional life course perspective) sera mobilisée afin, entre autres, d’accéder aux voix de ces femmes minorisées par les rapports de pouvoir. Vingt femmes âgées de 60 ans et plus, ayant vécu de la violence conjugale, seront recrutées à l’aide de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Québec. Le guide d’entrevue de récits de vie sera développé autour de questions ouvertes visant à catalyser la narration des femmes autour d’un thème central, soit les violences vécues. L’intention est d’amener les participantes à raconter leur histoire dans leurs propres mots. L’analyse de contenu thématique et transversale sera réalisée à l’aide du logiciel d’analyse qualitative Nvivo. Cette recherche originale permettra le croisement des champs de la gérontologie sociale et critique, des études sur les violences basées sur le genre, ainsi que de l’intervention sociale. Elle permettra d’approfondir les connaissances scientifiques sur un sujet peu documenté, et d’offrir des données empiriques crédibles quant aux différentes réalités auxquelles font face les femmes aînées aux prises avec de la violence conjugale. Ce projet de recherche fournira de plus des résultats capables d’influencer l’intervention sociale effectuée dans le réseau public et communautaire, car il permettra de : a) d’accroitre les savoirs professionnels en matière de violence conjugale; b) de mieux outiller le personnel intervenant quant à la problématique de violence conjugale vécue par les femmes ainées; c) de mieux la dépister et de faciliter la demande d’aide; et d) ultimement, d’agir sur le bien-être de femmes aux prises avec de la violence dans leurs relations intimes. Le plan de mobilisation des connaissances propose aussi de sensibiliser le large public et les décideurs aux réalités particulières, et encore occultées de la violence conjugale pour les femmes de cette tranche d’âge. Enfin, en donnant la parole aux femmes aînées, souvent inaudibles et invisibles dans la société, l’étude permettra de relever leur agentivité et capacité à se faire entendre sur leurs besoins en matière d’aide et d’intervention.

 

Chercheur.e.s: Marchand Isabelle (UQO), Van Pevenage Isabelle (UdeM), Cousineau Marie-Marthe (UdeM), Dubé Kim (UQO). 

​